Désaccords ...
rideau
desaccords entre Churchill et Roosevelt à la conference de Yalta
A midi trente le dernier jour de la conférence, les documents définitifs ne sont pas encore prêts. Des désaccords subsistent sur certaines formules, notamment à propos de la Pologne et des réparations matérielles à demander à l'Allemagne vaincue. Or, Roosevelt veut quitter Yalta dans l'après-midi même. Il doit s'embarquer à Sébastopol, pour aller rencontrer au Caire le jeune roi Farouk, le roi d'Arabie et l'empereur d'Ethiopie. Il se fait une fête de conférer avec des monarques, de surcroît pittoresques. Il est impatient de quitter des lieux où il considère sa mission comme terminée. Il ne dissimule pas sa nervosité: il a bousculé ses secrétaires, il s'est emporté contre Churchill qui le suppliait de demeurer encore vingt-quatre heures.
Alors, on décide de clore les discussions autour de la Table ronde et de passer à table. Le couvert est dressé dans la pièce voisine, l'ancienne salle de billard des tsars. Staline allume une nouvelle cigarette, il ne cesse pas de fumer. Durant toute la conférence, il a fumé et il a dessiné des centaines de loups, au crayon rouge, sur des feuilles blanches. Il se dirige à pas lents vers sa place, grave et songeur comme d'habitude. Il est petit, comme Napoléon. Il est aussi bedonnant, mais a des épaules étroites et c'est pourquoi les tailleurs du Kremlin rembourrent exagérément ses vêtements pour le faire paraître moins chétif. La main gauche pend à son côté, immobile, paralysée, tandis que l'autre se balance, comme un automate. Il ne ressemble pas du tout aux épiques statues que lui vouent ses scu1pteurs ou aux impressionnants portraits que doivent faire de lui ses peintres. Il a le teint blême, marbré de rouge. Ce teint que les Moscovites surnomment  le teint du Kremlin pour désigner la coloration de la peau de tous ceux que Staline a dressés à travailler comme lui la nuit et à dormir le matin.
Churchill se lève en grommelant.
Roosevelt, dans son fauteuil roulant d'infirme que pousse son fidèle serviteur noir Arthur Prettyman, montre un visage émacié et livide. Il n'est plus que l'ombre de lui-même : il ne vivra d'ailleurs pas plus de deux mois après Yalta.
Roosevelt à Yalta
Le menu est du même type que celui de tous les banquets depuis une semaine :
caviar noir, caviar rouge, saumon, esturgeon, harengs saurs au jambon, concombres et radis de Crimée, tendron de cerf, champignons à la crème aigre, puis borsch, puis viandes. On sert à satiété vodka, vins et champagne du Caucase. Staline veut faire partager son enthousiasme de Caucasien impénitent pour les bourgognes russes qui font grimacer Churchill. La conférence de Yalta demeurera dans les mémoires comme la conférence du caviar : Staline en a littéralement gavé ses invités. Il en a fait venir trois wagons: seize tonnes !
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Conférence de Yalta